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LE SYNDICALISME

LA CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL
LA THÉORIE DE LA VIOLENCE

Pendant le dernier quart du XIXe siècle on a pu croire que la société moderne, reposant sur l’initiative individuelle, sur la liberté de l’industrie, la liberté d’association et la liberté des contrats, n’avait pour adversaire fondamental que le socialisme dogmatique auquel Karl Marx était supposé avoir donné une forme scientifique. Ce socialisme dogmatique trouvait une représentation concrète et active dans le socialisme parlementaire, groupe de députés, les uns « intellectuels » suivant l’expression récente, les autres peu pourvus de théorie et issus des milieux populaires, mais assouplissant leur fougue sous la direction de l’élément plus instruit. Ce groupe socialiste parlementaire exerçait et exerce encore sur les fractions de gauche de la Chambre des députés une action incessante et d’une manifeste efficacité pour étendre dans tous les domaines les attributions de l’Etat et la réglementation de l’Etat.

Voici que, depuis quelques années, un nouvel adversaire se lève contre la société moderne : plus bruyant, plus brutal, revendiquant des changemens plus rapides et plus profonds, dédaignant les modifications graduelles et voulant arriver soudain à une transformation intégrale, c’est le syndicalisme. Il a ses hommes d’action, audacieux et méthodiques, qui ont su, avec d’infimes moyens, constituer et conduire une formidable machine d’attaque. Ils font profession de mépriser le socialisme