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le Zeppelin n° 2 s’est brisé la première fois qu’il a voulu toucher le sol ; 2° que la rigidité de l’enveloppe n’est peut-être pas si assurée qu’on veut bien l’affirmer : des flexions longitudinales, qui pourraient très bien, à un moment donné, amener une rupture, ont été observées, en effet, pendant la marche.

Les essais que poursuit, en ce moment, le Zeppelin n° 4 qui, du même tonnage que les autres, dispose, dit-on, d’une force motrice de 420 chevaux, donneront-ils, en fin de compte, des résultats réellement satisfaisans ? C’est à souhaiter, pour le général Zeppelin d’abord, dont on ne saurait trop admirer l’audace, l’énergie et le désintéressement, pour l’Empire ensuite, auquel son œuvre a coûté tant de sacrifices. Il nous étonnerait fort que la science allemande coure de gaieté de cœur au-devant d’un nouvel échec... Attendons.


IV

Les dirigeables seront toujours trop encombrans et trop dispendieux pour constituer jamais un moyen de transport réellement pratique. Tout au plus, pourra-t-on les employer, de temps à autre, à la place des automobiles, lorsque ces machines ne pourront pas ou ne pourront que mal remplir leur rôle ordinaire, par exemple, pour les relations entre pays séparés par la mer ou par des chaînes de montagnes aux routes rares et difficiles, inabordables en hiver.

Il n’en est pas de même pour les services qu’ils peuvent rendre à la guerre. Tous les écrivains militaires s’accordent à déclarer qu’ils seront désormais indispensables pour établir les communications urgentes entre une forteresse assiégée et l’intérieur du pays, entre les armées en campagne et le gouvernement. Dans le service des informations, surtout, ils seront d’une immense utilité pour un général en chef, un officier monté dans un aéronat à grande vitesse pouvant, d’un seul coup d’œil, saisir les directions de marche de toute une armée, se rendre compte de la disposition et de la force des différentes colonnes, des points où elles se trouvent momentanément concentrées, et tenir au courant ses chefs à l’aide de la télégraphie sans fils. Comme arme offensive, il faut remarquer, avec M. de La Vaulx, que la puissance de destruction d’un projectile dépendant principalement