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sans jeter de lest et avec une dépense de gaz absolument insignifiante. Voici d’ailleurs les caractéristiques principales de cet aéronat :


Carène : pisciforme. — Volume : 3 150 mètres cubes. — Longueur : 60 mètres. — Diamètre du maître-couple : 10m, 30. — Force ascensionnelle brute : 3 717 kg. — Deux hélices, de 2m, 60 de diamètre, tournant à 1 000 tours, comme le moteur. — Moteur : 70 chevaux, pesant 550 kg. avec une provision d’essence suffisante pour marcher 10 heures. — Poids utile enlevé (aéronautes, lest, combustible, etc,) : 1 260 kg. — Vitesse maximum obtenue : 13 mètres. — Date de la première ascension : 16 novembre 1906. — Voyage d’une seule traite de Chalais-Meudon à Verdun (240 km. en 6 h. 25 m.) : 23 novembre 1907.


On sait comment, huit jours après son arrivée, un coup de vent enlevait la Patrie et la faisait disparaître à tout jamais. Mais des mécomptes de ce genre, avec les énormes surfaces des ballons dirigeables, seront toujours à prévoir : on voit bien des navires, solidement amarrés dans un port, ne pas résister aux efforts de la tempête ! Le Lebaudy, qui peut cependant invoquer à son actif soixante-dix-neuf ascensions parfaitement réussies, faillit subir le même sort le jour de son arrivée au camp de Châlons, et ce n’était pas la première fois que pareille aventure lui survenait. La béquille de M. Julliot ne rend donc pas tous les services qu’on en attendait ; pourtant, c’est déjà quelque chose d’avoir essayé d’aborder cet épineux problème : faire camper, en cas de force majeure, en rase campagne, un dirigeable, loin de tout hangar, de tout port naturel.

Que si, maintenant, il nous était permis de faire connaître notre opinion personnelle, sur ces deux dirigeables, nous dirions d’abord que les blâmes formulés sur la complication de leurs organes et la fragilité, malgré tout réelle, de l’ensemble, ne nous émeuvent guère : les navires modernes sont infiniment plus compliqués que les anciens, leur maniement plus difficile, leurs organes de direction plus délicats, et la robustesse, quand on y regarde d’un peu près, n’est pas précisément leur qualité dominante. Mais nous n’hésiterions pas à regretter : 1er que les difficultés de transmission de la force du moteur aient empêché M. Julliot de rapprocher les centres de traction et de résistance, comme dans le von Parseval, le de La Vaulx, etc. Hâtons-nous d’ajouter que ce vice de construction n’existera pas dans le grand dirigeable militaire dont il a été question plus