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CORRESPONDANCE DE GUIZOT
AVEC
LEONCE DE LAVERGNE
(1838-1874)

Dans la notice biographique que j’ai consacrée à Léonce de Lavergne[1] je n’ai pu qu’indiquer sommairement les relations qui ont existé entre lui et Guizot. Ces relations ont tenu une grande place dans la vie de Lavergne. Elles se sont poursuivies pendant plus de trente-cinq ans, depuis 1838, époque où il n’était encore que rédacteur au ministère de l’Intérieur, jusqu’en 1874, date de la mort de l’illustre homme d’État.

Simplement politiques dès l’abord, elles ont fait naître, par l’entraînement de la sympathie et par une communauté presque absolue de vues et de sentimens, une amitié véritable dont Lavergne s’honorait grandement et dont il goûtait le charme profond.

Ces relations ont donné lieu à une nombreuse correspondance qui nous a paru mériter d’être mise sous les yeux du public.

Elle suit Guizot dans les différentes phases de sa vie pleine de contrastes ; elle le montre tour à tour député, chef de parti, ambassadeur, académicien ; elle subit toutefois un temps d’arrêt pendant les huit année du ministère du 29 octobre ; Guizot, s’étant attaché Lavergne comme collaborateur, n’avait point l’occasion de lui écrire.

Puis vient la catastrophe de Février, l’exil avec ses amertumes, le retour en France et enfin la retraite définitive au Val-Richer, faite d’étude et de méditation, ennoblie par la majesté des grands souvenirs, embellie par la vie de famille si douce au cœur de Guizot, qui appelle sa terre « le désert des patriarches. »

Ces lettres ne sauraient le grandir aux yeux de la postérité ; sa vie politique,

  1. Voyez la Revue du 15 avril 1904.