domestiques, et il devient de plus en plus urgent, dans les conditions sociales modernes, que la législation et les mœurs soient dirigées dans ce sens. Si la mère de famille nécessiteuse n’est, en effet, protégée ou secourue, ni pendant sa grossesse et ses couches, ni pendant l’éducation de ses enfans ; si, forcée par l’insuffisance du salaire de son mari à travailler elle-même pour autrui, elle n’a de temps libre, ni pour son ménage, ni pour les soins domestiques, il en résultera deux conséquences : la première, que les jeunes filles renonceront à se marier par crainte d’une misère certaine ; la seconde, que les femmes, une fois mariées, se refuseront à avoir des enfans. Cette dernière conséquence est d’autant plus inévitable qu’elle est encore précipitée par l’affaiblissement du sentiment religieux.
Que, pour les uns, le travail régulier de la femme, notamment de la mère de famille, soit la plupart du temps une fâcheuse nécessité ; que, pour d’autres au contraire, le droit au travail soit pour la femme un précieux avantage, gage de son émancipation future, nous sommes en face d’un fait général, prenant chaque jour une extension nouvelle. Les femmes travaillent de plus en plus et y sont progressivement contraintes dans cette grande mêlée qui s’appelle la lutte pour l’existence. Aussi la question du travail de la femme, et des conditions dans lesquelles il doit s’effectuer, est-elle une des plus graves préoccupations de ceux qui ont souci de l’avenir physique et moral de la race.
C’est par une pente insensible, c’est par le cours naturel des choses que les femmes se précipitent aujourd’hui à la fabrique et recherchent toutes les professions rémunératrices, sans se rendre compte d’ailleurs des révolutions économiques qui s’accomplissent autour d’elles. Un nouveau et vaste champ d’activité, qu’elles ne pouvaient connaître dans les conditions économiques anciennes, s’ouvre devant elles. Comment résisteraient-elles à l’appât du salaire qui s’offre ? Et la dureté de l’existence ne les contraint-elle pas à courir après lui ? Aussi l’accroissement du nombre de femmes se livrant à une occupation productive est-il considérable par rapport à ce qu’il était il y a moins d’un demi-siècle, ou seulement d’un quart de siècle.
En France, sur une population active d’environ vingt millions de personnes, la statistique compte près de sept millions de femmes. Dans la généralité des pays d’Europe également, les femmes représentent en moyenne trente pour cent de la