la considère comme se mouvant à la fois dans sa famille et dans sa profession. Aussi importe-t-il, quand on parle de celle-ci, de ne jamais oublier celle-là.
Dans l’étude qui va suivre nous examinerons d’abord, d’un point de vue tout à fait général, la femme qui travaille, c’est-à-dire la femme dans sa profession ; puis, par une conséquence naturelle, nous en conclurons à la nécessité d’organiser cette profession pour y placer la femme dans les conditions les plus propres, au point de vue moral et physique, à lui assurer la possibilité de remplir la mission à laquelle elle est destinée.
Un fait qui, tout d’abord, frappe l’observateur est le nombre de plus en plus considérable des femmes qui travaillent pour gagner leur vie.
Les uns s’en réjouissent et les autres s’en lamentent. Les premiers y voient l’aurore de l’émancipation féminine. Si la femme, disent-ils, travaille au point de subvenir toute seule à sa subsistance, sans le secours de l’homme, elle se libère vis-à-vis de ce dernier ; elle tend au jour où, définitivement, elle n’aura plus besoin de lui et où elle deviendra son égale, et un sursaut d’orgueil s’empare de ces émancipateurs d’une moitié du genre humain. D’autres, au contraire, voient dans ce même fait une nouvelle expression des injustices sociales, une sorte de régression vers la barbarie des premiers âges où la femme était réduite à la condition servile, ainsi qu’on le constate encore dans les sociétés non civilisées. Sans même aller si loin, et considérant surtout la mère de famille, ils déplorent une de ces grandes misères qui sont le lot de notre temps, si brillant sous d’autres aspects. La femme, disent-ils, ne doit plus travailler que pour les siens. Elle doit demeurer au foyer pour s’occuper du ménage et des soins moraux et physiques à donner aux enfans, occupations qui suffisent du reste à ses faibles forces. Sa santé n’appartient pas à l’entrepreneur anonyme qui la flétrira à jamais dans l’air empesté de l’usine. Elle doit la conserver tout entière pour son mari et ses enfans. La place de l’ouvrière, épouse et mère de famille, est au foyer. Mieux que cela ; si l’ouvrière accepte de travailler à domicile au profit d’autrui, le temps nécessaire doit lui être laissé pour vaquer à ses occupations