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devient la propriété du monde. Le domaine des vérités s’en accroît ; le monde entend bien l’utiliser. A quoi donc servirait d’avoir, et fixe et géographie, pour ainsi dire, un point nouveau sur la carte des lois du beau si le beau n’en était mieux à nous, plus facile à visiter, de chemin plus direct, d’approches plus promptes et plus sûres ? — La découverte n’aidera personne, et ce point de l’idéal où quelqu’un par hasard est parvenu, personne après lui n’y retournera...

[Du réalisme.]


Au retour de son voyage aux Pays-Bas, rapide, mais rempli d’impressions et d’idées, Eugène Fromentin se hâte d’aller s’enfermer à Saint-Maurice, près la Rochelle, dans ce village du pays natal où il passe habituellement ses vacances. Là, il se met à composer les Maîtres d’Autrefois. Un labeur d’une rare intensité et plusieurs remaniemens successifs aboutissent à la publication de l’ouvrage dans la Revue des Deux Mondes, au printemps de l’année suivante ; il paraît en librairie peu après. Il est très lu, très commenté, il obtient un vif succès.

Quelques mois s’écoulent. Fromentin rentre à Saint-Maurice le 19 août, épuisé, mais la tête encore pleine de projets de travail. La fièvre le prend. Il succombe le 27, à l’âge de cinquante-six ans, après quatre jours de maladie, laissant derrière lui l’œuvre de littérateur et de peintre qui a illustré son nom.


PIERRE BLANCHON (JACQUES-ANDRÉ MERYS).