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EUGÈNE FROMENTIN

EN BELGIQUE ET EN HOLLANDE
LETTRES DE VOYAGE ET FRAGMENS INÉDITS[1]

En 1875, Eugène Fromentin avait produit à peu près toute son œuvre peinte. Il avait publié son Eté dans le Sahara, puis son Année dans le Sahel, et enfin son roman de Dominique.

Depuis 1862, absorbé dans son travail de peinture, il n’avait rien écrit. Il se contentait de prendre des notes qu’il se réservait de rédiger plus tard.

A mesure qu’il mûrissait ses idées sur l’art, il ressentait un plus ardent désir de les exprimer. Maintes fois il fut sur le point d’écrire une série d’études sur la peinture française et spécialement sur Eugène Delacroix[2]. Mais le temps lui manquait. Il fallait d’abord se classer définitivement en peinture hors du genre fermé de l’Orientalisme. Puis la palette offrait pour vivre les ressources abondantes et faciles que donne une signature aimée du public. D’autre part, Fromentin était à la fois sincère dans le rendu de sa pensée et toujours inquiet de blesser les susceptibilités d’un confrère : avec de tels scrupules, la critique d’art est malaisée.

Sur les instances d’Armand du Mesnil, son meilleur ami et l’oncle de sa femme, il se décide enfin à débuter par l’étude d’une école qu’il

  1. Documens communiqués par Mme Alexandre Billotte, née Eugène Fromentin, qui a bien voulu nous autoriser à les publier.
    Voyez dans la Revue du 1er octobre 1905 quelques-unes des Lettres de Jeunesse d’Eugène Fromentin. — La librairie Plon publie sous le même titre un volume de correspondance du maître avec un commentaire biographique et des notes.
  2. Une lettre de M. Buloz (15 juillet 1872) lui rappelle la promesse de donner à la Revue un article sur ce sujet.