dont il faisait partie, succombait. Ce Conseil, présidé par un de ses amis intimes, le duc de La Rochefoucauld d’Enville, avait prononcé la suspension de Pétion et de Manuel, maire et syndic de la Commune de Paris, pour leur rôle au 20 juin. Son arrêt avait été confirmé par le Roi, le 11 juillet. Le 13, il fut cassé par l’Assemblée. Le lendemain 14, on fêtait, au Champ-de-Mars, l’anniversaire de la Fédération ; les membres du département, et Talleyrand parmi eux, s’y rendirent : la foule hostile les accueillit aux cris de : Vive Pétion ! Un sourire de gratitude aimable et triste, que leur adressa Marie-Antoinette lorsqu’ils passèrent sous son balcon, acheva de déchaîner contre eux la rage populaire. Et dès lors, chaque jour, dans la presse jacobine, à la barre de l’Assemblée, ce sont des attaques véhémentes[1]. Les sections manifestent. On réclame la destitution, la mise en accusation du « département prévaricateur, anticivique, usurpateur. » On distribue dans les rues une brochure avec ce titre : Louis XVI confondu, Antoinette désespérée, Pétion consolé et divinisé... Le département de Paris en horreur à la nation française, etc. — Devant ce débordement de violences, dès le 14 juillet, un des administrateurs du département avait démissionné. Le 19, huit autres suivirent son exemple. Malgré ces défections, le département se reconstitua, tant bien que mal, sous la présidence de La Rochefoucauld. Mais, le soir même, la section des Lombards était reçue par l’Assemblée et, sans qu’une protestation s’élevât, son orateur déclarait que le décret, réintégrant dans leurs fonctions Pétion et Manuel, devait être « l’arrêt de mort d’un département contre-révolutionnaire. » Ce fut le coup de grâce. Abandonnés aux déclamations furibondes des clubs, sentant leur cause vaincue et leur vie en péril, La Rochefoucauld, Talleyrand, et aussi Gravier de Vergennes et Brière de Surgy, se retirèrent à leur tour. Le département de Paris, sous sa forme première, avait vécu[2].
Menacé par les Jacobins, Talleyrand était suspect aux royalistes. Des liens secrets ne l’attachaient-ils point à la faction d’Orléans, le véritable « comité autrichien, » avait affirmé le député Ribes à la tribune de l’Assemblée ? On insinuait qu’il