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REVUES ÉTRANGÈRES

ROUSSEAU EN ANGLETERRE


Voltaire, Montesquieu, and Rousseau in England,
par le professeur J. Churton Collins, 1 vol. in-8o. Londres, 1908[1].


En même temps qu’il nous faisait connaître un admirable et navrant portrait peint de Rousseau, le professeur Churton Collins a essayé, comme je le disais il y a un mois, de reconstituer minutieusement l’histoire du séjour de Jean-Jacques en Angleterre ; et j’ai dit aussi avec quelle sévérité implacable il a jugé toutes les paroles et tous les actes du malheureux « citoyen de Genève, » après s’être montré d’une indulgence extrême pour la conduite et le caractère de l’auteur de la Henriade et des Lettres Anglaises. Mais l’évidente partialité de son sentiment à l’égard de Rousseau n’empêche point cette seconde partie de son livre de nous offrir, à son tour, une précieuse série de renseignemens biographiques, tirés des sources anglaises du temps : encore que M. Collins n’ait pas eu la bonne fortune de découvrir, au sujet de l’aventure anglaise de Rousseau, des pièces inédites d’un intérêt comparable à celui des divers documens « voltairiens » que je signalais l’autre jour.

Tous ceux qui ont lu les Confessions se rappellent dans quelles circonstances, vraiment tragiques, Rousseau, malgré son peu de goût naturel pour les Anglais, s’est résigné à accepter la proposition de David Hume, qui l’invitait à venir demeurer en Angleterre. Chassé de France, puis de Suisse, par les gouvernemens de ces deux pays,

  1. Voyez la Revue du 15 mai 1908.