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« Ma chère petite,

« D’après ce que le comte de Montbel m’a mandé de Florence, et d’après vos ordres qu’il a été remplir à Rome, je n’hésite plus à instruire vos enfans de votre nouveau mariage, et je m’empresse, en même temps, de vous les conduire. En conséquence, ma belle-fille partira après-demain avec Louise. Et moi, je pars le 24 avec Bordeaux. C’est à Léoben que nous nous rendons, et c’est à cet endroit que nous aurons le plaisir de vous voir. Je fais partir M. de Milange pour vous instruire de cette résolution. Je pense que vous passez par le Tyrol, et, comme vous allez à petites journées, il vous rencontrera sûrement en route.

« Léoben est le lieu le plus convenable pour notre réunion. Vous nous y attendrez, si vous y arrivez avant nous ; nous ferons de même, si nous vous y précédons.

« A nous revoir bientôt, ma chère petite, je vous aime et vous embrasse de tout mon cœur.

« Je vous prie de dire de ma part au comte Lucchesi que je serai fort aise d’avoir le plaisir de le voir[1]. »

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Mme de Boigne, qui a longuement vécu en Angleterre, s’est sans doute souvenue, quand elle s’est mise à écrire, et de Sheridan et de son Ecole de la médisance. Elle avait fait provi- sion de bons mots et de vilaines choses ; il fallait qu’elle les employât… Ah ! je comprends « les colères d’Alceste[2] » du vieux chancelier Pasquier devant le débridé de son amie. Ne les partagez-vous pas en prenant congé d’elle ?


COSTA DE BEAUREGARD.

  1. Vicomte de Reiset, Marie-Caroline Duchesse de Berry, p. 3 et s.
  2. Mémoires de la comtesse de Boigne, t. IV, p. 345.