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l’existence ? J’ai la certitude que la déclaration de M. de Montbel serait immédiatement suivie de l’envoi des passeports, que Votre Altesse désire si impatiemment.

La minute fut longue, entre la question et la réponse.

— Je ne vois aucun inconvénient à ce que vous proposez, mais vous comprenez que je ne puis décider seule. Le consentement du comte Lucchesi est aussi nécessaire que le mien.

Le comte Lucchesi était dans le salon voisin avec MM. de Montbel et de Saint-Priest. La Ferronnays l’appela. Madame lui répéta ce que La Ferronnays venait de proposer. Lucchesi n’hésita pas à y donner sa pleine approbation.

Madame fit alors entrer Saint-Priest et Montbel. Tout le monde s’assit, et la Duchesse pria La Ferronnays de rendre compte de ce qui venait d’être convenu entre elle et lui.

— Et maintenant, monsieur, dit La Ferronnays, quand il eut achevé son exposé et s’adressant à M. de Montbel, maintenant monsieur, c’est à vous seul qui connaissez la pensée du Roi, à vous qui, pour ainsi dire, le représentez ici, qu’il appartient de juger et de déclarer si le moyen que je propose pourra satisfaire Sa Majesté, et faire ainsi cesser l’opposition qu’Elle met à l’arrivée de Madame, à Prague.

— J’en prends l’engagement formel, s’écria Montbel. Madame, que de reconnaissance nous vous devrons, et combien je serai heureux si je puis contribuer à un rapprochement que je désire de toute mon âme !...

M. de Montbel rédigea, séance tenante, la minute d’une lettre qui, signée de la princesse et du comte Lucchesi, l’accréditerait au Vatican.

Le lendemain, la Duchesse montrait à ses fidèles la lettre convenue. Sa signature et celle du comte Lucchesi y étaient certifiées authentiques par le grand-duc de Toscane et par son ministre Fossombroni.

M. de Montbel partait le soir même pour Rome.

Le Cardinal-vicaire, après avoir pris les ordres du Pape, s’empressait non seulement de lui donner une déclaration écrite du mariage de Mme la Duchesse de Berry avec le comte Lucchesi, mais encore lui montrait l’acte lui-même, parfaitement en règle.

Et maintenant, comme épilogue à ce trop long récit, voici la lettre, qu’à la date du 25 septembre, le roi Charles X écrivait à Mme la Duchesse de Berry :