Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/849

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et d’agrandir la maison pour la rendre digne de ses hôtes. Telle est, très brièvement résumée, l’œuvre à laquelle Gréard a contribué. Il mit au service de cette œuvre l’activité patiente du fonctionnaire qui est toujours là, qui veille à tout et ne laisse rien passer sans y porter la main. Il apporta une ardeur particulière à la reconstruction de la Sorbonne, qu’on peut considérer comme le symbole de la profonde rénovation apportée dans les méthodes de notre enseignement supérieur. Par ses relations personnelles, par ses incessantes démarches, par ses sollicitations et son influence, il fut pour beaucoup dans l’accord qui intervint, au point de vue financier, entre l’Etat et la Ville de Paris, entre le Parlement et le Conseil municipal, qui assura le succès de l’œuvre, et il mérita ainsi que, le jour où la loi portant reconstruction de la nouvelle Sorbonne fut définitivement votée, Jules Ferry lui envoyât le texte du télégramme par lequel il en avait été informé lui-même, en y ajoutant cette mention : « Offert à M. Gréard pour ses archives personnelles, en souvenir de son œuvre. » Mais il fut aussi le collaborateur de l’architecte éminent, auquel on doit cette construction magnifique où ce qui pouvait être conservé de l’ancienne Sorbonne a été si heureusement marié avec la nouvelle. Par cette collaboration incessante il a mérité que son nom fût joint à celui de M. Nénot sur le recueil des plans de la nouvelle Sorbonne dont il a écrit la préface. Cette collaboration avait éveillé en effet chez lui des instincts d’archéologue. Il a raconté, dans une page charmante, l’émotion qu’il ressentit lorsque fut découverte, au milieu des ruines, la plaque commémorative de la fondation de Richelieu. Il s’est dépeint piétinant dans la boue, par un ciel bas, par une pluie fine et froide, pour surveiller le travail des ouvriers, sondant avec eux les blocs au fur et à mesure qu’ils étaient découverts, et rentrant découragé dans son cabinet où, quelques instans après, l’architecte se précipitait suivi d’un ouvrier qui portait une enveloppe de plomb. Sous cette enveloppe, quelques coups de ciseau faisaient apparaître une plaque de cuivre doré qu’illuminait, à ce moment précis, un rayon de soleil. L’acte de baptême de la Sorbonne de Richelieu était retrouvé. « Angoisse et joie, ajoute-t-il, j’avais passé par toutes les émotions de l’archéologue. »

La disparition de la vieille Sorbonne n’a pas seulement éveillé chez Gréard un archéologue ; elle a suscité en lui un historien,