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citoyens, soucieux de la prospérité nationale, même quand l’instruction laisse à désirer et que les connaissances sont insuffisantes.

En rentrant au Japon après une absence de quatre ans, j’ai constaté, non sans surprise, le changement. Car, à l’heure actuelle, la grande préoccupation des hommes éminens dans toutes les branches de l’activité nationale, est de semer parmi la jeunesse des notions du devoir et des conceptions plus élevées de la vie. Les professeurs et les instituteurs ne laissent échapper aucune occasion d’en parler, — tout le monde s’en occupe, et les politiques à leur tour s’efforcent de remédier au mal. Parmi les discours, déjà cités, prononcés au printemps dernier, il y en a de très remarquables où la situation est nettement exposée, les mesures utiles clairement indiquées.

Le comte Okuma, considéré comme l’homme le mieux informé du Japon sur les sujets d’éducation, et dont la parole est justement écoutée à l’étranger, saisit l’occasion de sa nomination à la présidence du collège Waseda pour exprimer son intention formelle de consacrer le reste de ses jours aux réformes dans l’éducation, non seulement au collège Waseda, mais au Japon entier. Comme toujours, son discours eut un grand retentissement. Le fait de voir un homme aussi éminent abandonner sa carrière politique pour se dévouer exclusivement aux œuvres scolaires fit une impression profonde.

Le Mainichi-dempo, dans un premier article, dit :


Le comte Okuma est un des plus illustres personnages de la période Meiji ; homme d’État remarquable, ses paroles ont toujours été considérées comme l’expression même de l’opinion de la nation. Chef du parti progressiste pendant bien des années, sa carrière n’a été marquée par aucun brillant succès politique, mais il a largement contribué à améliorer la position et les connaissances du peuple. Lorsqu’il quitta la direction de son parti au commencement de cette année, il accepta la présidence de l’Université Waseda à Tôkyô. Nous sommes contens de voir un esprit aussi éclairé, aussi largement tolérant, à la tête de l’Université populaire. S’il avait consacré son énergie plus tôt à la cause qu’il dirige aujourd’hui, il aurait assurément triomphé. Il se sépara de son parti, non par dégoût de la politique, mais à cause d’une divergence d’opinion entre lui et des adhérens plus jeunes. Finalement, nous croyons, continue le journal le Manichi-dempo, que, comme orateur indépendant et impartial, il aura plus d’influence ici et à l’étranger, et qu’à l’avenir, il sera certainement écouté comme initiateur et directeur en matière d’éducation en Extrême-Orient.