Il ne faudrait pas, je le sais bien, être trop exigeant, car la métamorphose s’est opérée très rapidement. Cependant les soins de propreté et d’hygiène ne devraient pas être à ce point négligés, et les parens comme tous ceux qui s’intéressent aux enfans ont raison de se plaindre. Il est étrange de voir les Japonais ; naguère le plus propre et le plus ordonné des peuples, perdre ces précieuses qualités aussitôt qu’il commence à vivre à l’européenne. L’intérieur d’une maison japonaise avec ses paillassons aux couleurs claires, ses murs blanchis, est un modèle de propreté et de netteté ; meublée à l’européenne, elle devient laide, sordide.
Les vêtemens ont le même sort : le kimono, facile à laver et à raccommoder, donnait aux plus pauvres un aspect confortable et soigné. Le costume européen, au contraire, s’use vite, est bientôt râpé comme s’il sortait de chez un fripier. L’art d’entretenir, de faire durer ces vêtemens ne s’achète pas chez le tailleur qui, d’ailleurs, a intérêt à en vendre le plus possible. Le marché est encombré de marchandises, et peu de vendeurs sont assez désintéressés pour indiquer le bon moyen de les conserver. C’est tout simple : les premiers étrangers qui pénétrèrent dans le pays n’appartenaient pas à une classe cultivée et ne songeaient nullement à élever le niveau du peuple, — ils venaient faire fortune. Le marin se conduit un peu partout d’une manière qui ne serait pas tolérée dans son pays d’origine, et ces gens, venus des quatre coins du globe sans liens entre eux, sans obligations envers le pays visité, cherchant uniquement un gain matériel, ont donné une idée fausse de l’existence en Europe, des notions erronées de la civilisation occidentale. Des instituteurs nommés à la hâte, car il n’y avait ni le temps de choisir, ni celui de la réflexion, venaient avec leurs livres des États-Unis où l’enseignement est aussi dans une période de transition et dont la culture date de moins d’un siècle. Il n’y a rien d’étonnant si ces « réformateurs » attachaient peu ou point d’importance aux formes extérieures et n’avaient aucun souci de l’avenir moral de la nation qu’ils étaient supposés vouloir réformer.
Le grand avantage des écoles publiques en Angleterre est le soin minutieux apporté aux petites choses : à la propreté, aux dehors, à la bonne tenue, à une véracité scrupuleuse ; en un mot, à une discipline rigoureuse de soi-même, qui fait les bons