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et la littérature avaient la plus grande part dans son entraînement intellectuel, mais, dans cette poursuite, ce n’était pas la vérité objective qu’il cherchait. Il étudiait la littérature comme passe-temps et la philosophie pour former le caractère, quand ce n’était pas pour résoudre quelque problème militaire ou politique.


Ces paroles donnent un aperçu de la tendance générale de la pédagogie dans ces temps anciens. Le principal but était de former de braves guerriers, des hommes de caractère ferme et des membres utiles à la communauté. L’individu ne comptait pour rien. L’égoïsme et l’utilitarisme étaient profondément méprisés. Les gens du peuple n’avaient pour ainsi dire aucun droit à l’existence en dehors de la communauté : en leur qualité de membres d’une famille, comme citoyens, soldats, fils et défenseurs de leur patrie et fidèles sujets du pouvoir souverain. Telle était l’idée centrale autour de laquelle se groupaient toutes les autres conceptions, la profession de foi sur laquelle leur vie se cristallisait. L’existence privée et publique était animée et guidée également par les sentimens qui découlaient de cette doctrine, et, si ces préceptes et ces théories n’étaient ni neufs ni originaux, s’ils étaient simplement empruntés et adoptés des Chinois, la manière dont ils furent appliqués leur fit revêtir une forme nouvelle et un caractère national. Ainsi l’enseignement paisible de Confucius se transforma en un code de loi martiale et les mêmes règles faites pour la calme existence des bureaucrates et des citoyens de l’Empire du Milieu furent utilisées pour diriger les actes de brillans généraux comme des simples soldats. La vie nationale, au Japon comme en Chine, fut fondée sur les mêmes principes. Car nous voyons les deux nations suivre les préceptes de Confucius et les lois morales prescrites par le Bouddha.

On a fixé l’adoption de la civilisation chinoise au Japon vers le IIIe siècle. Mais elle a pu se produire un peu plus tôt ou un peu plus tard, car les dates historiques de ces temps reculés sont, dans tous les pays, difficiles à préciser, et, dans celui qui nous occupe, cette recherche est particulièrement compliquée, parce que les faits et la fiction sont étroitement confondus, non seulement en tout ce qui concerne les traditions orales, mais aussi les témoignages écrits.

Durant des siècles entiers, l’histoire du pays est purement mythologique, et il est difficile de déterminer, même d’une façon