Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/675

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mémoire. Il paralyse toute activité scientifique ; 2° Les juges sont partiaux et injustes. Ils favorisent leurs élèves, leurs amis : les nominations après concours ne sont que des nominations de faveur, dont la faveur est déguisée.

La première objection ne manque pas de quelque vraisemblance. Les candidats, à qui on impose de traiter sans notes une question choisie au hasard parmi le nombre énorme des questions possibles, ne peuvent pas se livrer à des travaux personnels, avec autant de liberté d’esprit que s’ils n’avaient pas à faire ce grand effort de mémoire. Mais de nombreux exemples prouvent qu’on peut en même temps préparer le concours, et faire quelques recherches personnelles excellentes. C’est un surcroît de travail assurément ; mais, puisque la compétition est nombreuse et ardente, il est naturel que les difficultés aillent en croissant.

On oublie d’ailleurs, lorsqu’on accuse le concours de limiter les travaux originaux des concurrens, qu’il a pour fonction de mettre en lumière parmi les candidats ceux qui sont, non les plus inventifs, mais les plus cultivés. Pour désigner le médecin qui sera le plus apte à soigner des malades, un concours, qui se compose d’épreuves pratiques et d’épreuves théoriques, indiquera nettement celui qui aura sur ses compétiteurs le double avantage de faire un bon diagnostic et d’avoir les connaissances théoriques nécessaires. C’est cela qu’on exige du médecin qui aura pour mission de soigner les malades dans les hôpitaux, ou d’enseigner aux jeunes étudians, comme agrégé, les préceptes de la médecine classique. On ne lui demande pas d’avoir fait des découvertes personnelles en un point limité de la médecine, mais bien de connaître plus ou moins toute la médecine, car, en fait, des maladies de toute sorte devront être diagnostiquées et traitées par lui. On ne va pas donner le droit de vie et de mort sur tous les malades des hôpitaux à celui qui a fait un mémoire remarquable sur les trypanosomes, sans s’être assuré qu’il est suffisamment instruit dans les autres parties de la médecine.

Être interne ou médecin des hôpitaux, être agrégé de la Faculté, c’est une fonction ; ce n’est pas un titre honorifique. Il ne faut pas confondre une Académie avec une Faculté. Qu’on nomme académicien l’auteur d’une monographie savante : rien de plus juste. Mais il serait peu rationnel de conclure que l’auteur