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de physiologie, de chimie ne peuvent être que très sommaires pour cette grande masse d’élèves. On a réussi cependant tant bien que mal à leur donner cet enseignement pratique, et, à l’heure présente, il n’y a pas d’étudiant qui n’ait disséqué pendant plusieurs mois, pratiqué des manipulations de chimie, de physique, d’histologie ou de physiologie, de sorte que les studieux et les zélés peuvent avoir acquis les premières notions techniques, les seules qui soient nécessaires, de ces diverses sciences.

Quant aux autres étudians, — ceux qui ne sont ni studieux, ni zélés, — nulle force humaine ne les fera travailler, s’ils ne veulent pas travailler.

Les examens sont la sanction des études, et ils sont nombreux : il y en a vingt et un pour arriver au grade de docteur. Ces examens constitueraient une sanction irréprochable, si nous n’étions pas tous un peu plus indulgens qu’il ne faudrait. Tous mes collègues le reconnaissent comme moi, en principe. Mais, quand il s’agit de se montrer plus sévères, ils hésitent. C’est toujours chose pénible que de retarder de trois mois, de six mois, d’un an peut-être, la carrière d’un brave garçon qui a été moins laborieux qu’il ne faut, ou qui a l’entendement un peu lourd.

On peut ranger les candidats en trois groupes : ceux qui doivent être certainement reçus ; ceux qui doivent être certainement refusés ; et ceux qui peuvent être, suivant la sévérité de leur jury, ou suivant le hasard des questions posées, indifféremment reçus ou refusés ; car ils sont à la limite, comme on dit. Or pour ceux-là ce n’est pas chose commode de décider. Tous les juges qui ont fait passer des examens reconnaîtront que des cas particuliers se présentent, qui sont souvent très embarrassans. Être indulgent, c’est autoriser la paresse ; c’est donner à l’ignorance droit de vie et de mort ; c’est abaisser le niveau des études. Être sévère, c’est accorder une extrême valeur à des réponses que l’émotion ou le défaut de mémoire peuvent expliquer, pour des questions qui portent sur de minces détails ; c’est ruiner la carrière d’un jeune homme méritant, pour qui une famille pauvre a fait de longs sacrifices ; c’est oublier qu’il y a vingt et un examens successifs ; et qu’à chacun de ces examens des professeurs spécialisés sont enclins très légitimement à exagérer l’importance de la science qu’ils professent. On peut donc être indulgent ou sévère, et l’appréciation est très délicate.