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sont aujourd’hui sauvés. Mais, comme ce chiffre un peu abstrait ne parle pas à l’imagination, traduisons-le en un chiffre : ce sera à peu près 200 000 malades sauvés par an pour l’Europe seulement. Même si la médecine n’avait à son actif que la sérothérapie de la diphtérie, elle mériterait d’être considérée comme une des bienfaitrices du genre humain.

A d’autres affections encore la sérothérapie a été appliquée, et parfois avec d’étonnans succès. Ainsi pour le traitement des morsures de serpens venimeux, pour le tétanos, pour la peste. C’est une méthode de fécondité admirable, qui chaque jour compte des succès nouveaux.

Voilà déjà, si je ne me trompe, trois terribles maladies : le paludisme, la syphilis, la diphtérie, contre lesquelles la médecine est toute-puissante, et d’autres, la tuberculose, le rhumatisme, l’épilepsie, contre lesquelles elle n’est pas désarmée.

Mais ce n’est pas tout. Par delà les maladies que guérit la médecine, il y a celles qu’elle fait disparaître.

Les médecins préservent de la variole par la vaccine, car le grand bienfait de la vaccine est un bienfait médical. Ce sont les médecins qui vaccinent : ce sont les médecins qui ont su profiter de quelques observations empiriques pour établir les bases de la vaccination sur des données scientifiques irréprochables. La vaccine sauve plus d’existences encore que la sérothérapie.

Nous n’avons plus à craindre ces sinistres épidémies dont les médecins ont pu préciser la nature et le mode de contagion. Le choléra et la peste n’exercent plus leurs ravages, et il est assez probable que, si ces fléaux venaient à nous menacer encore, des mesures hygiéniques internationales sauraient en empêcher l’extension.

Quant aux maladies du foie, du cœur, de l’estomac, des reins, il est difficile de citer des médicamens héroïques et une thérapeutique triomphante. Pourtant, un habile médecin réussira toujours à soulager ses malades. Dans le diabète, la goutte, la chlorose, que d’améliorations par une sagace thérapeutique ! Mais je craindrais d’abuser en signalant tous ces bienfaits de la médecine : il faudrait passer en revue toute la pathologie.

Au demeurant, s’il était vrai que les médecins n’avaient rien fait, ni comme thérapeutique, ni comme prophylaxie, la mortalité serait restée la même. En est-il ainsi ? Non, certes. Depuis cinquante ans le taux de la mortalité, dans tous les pays