Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CONSPIRATEURS ET GENS DE POLICE

L’AVENTURE DU COLONEL FOURNIER
ET LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DONNADIEU

TROISIÈME PARTIE[1]


I. — UN TROP HABILE HOMME

Parmi les maisons de jeu, « parties de société » ou simples « étouffoirs » qui, en 1802, abondaient au Palais-Royal, le Salon des Arcades était un des tripots les mieux achalandés. Moins bruyante que le fameux numéro 113, moins publique, moins encanaillée, cette académie du pair et de l’impair s’était acquis un certain renom d’élégance. Le passé nobiliaire de son tenancier, ancien garde d’Artois, les belles manières de ses croupiers, presque tous nés gentilshommes, y attiraient de préférence les jeunes et les vieux messieurs de l’ex-noblesse. Rentrés depuis peu à Paris et s’y ruant vers le plaisir, ces porteurs de perruques et de catogans s’attablaient volontiers sous les bougies de l’attrayant salon. Ils y venaient quérir des émotions plus vives qu’en un bégueule hôtel du faubourg Saint-Germain : la roulette ou le trente-et-quarante, l’amour sans madrigal et sa conclusion immédiate. Jour et nuit, en effet, autour des tapis verts déambulaient d’engageantes citoyennes, Paméla court vêtues ou Cydalise très retroussées, toujours en mal d’argent, toujours en quête de banquiers bénévoles. Aussi, maison des

  1. Voyez la Revue des 1er avril et 1er mai 1908.