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une de ces lettres dont il n’indique pas le destinataire, systématiquement entortillée et mystérieuse, qui, sans doute, ne dévoile pas la trame dans tous ses détails, mais en laisse échapper la pensée principale : « Il est possible que nous voyions une agitation passagère en France, et sans doute il faut éviter tout ce qui peut y conduire ou l’aggraver. S’il en était ainsi, faudrait-il mettre mon nom dans le rapport de ces négociations ? Je crois que non et qu’au contraire ma personne devrait rester complètement à l’écart de tout. Réellement, je ne suis pas compromis, engagé officiellement. Il s’agit d’une part d’un acte de volonté de la nation espagnole, d’autre part du prince qui est majeur, maître de ses actions personnelles. S’il a eu ou non des raisons pour obtenir le consentement de son père et du chef de la famille, ceci est une question d’un ordre privé et non pas une affaire d’État. Prévenir le Roi de semblables projets, c’est le devoir du ministre de la maison royale. Mais je ne l’ai pas aidé de mes conseils, en ma qualité de président des ministres, seulement en celle de chargé des Affaires étrangères, comme homme de confiance, au même titre que les autres serviteurs de l’État, qui sont dans le secret. Je crois que le gouvernement espagnol fera mieux de ne pas publier la lettre du général Prim du 17 février et la réponse à celle-ci. Nous aurions ainsi une position inexpugnable devant le public européen. Si on fait du bruit en France, nous demanderons simplement : Que voulez-vous ? Voulez-vous dicter les décisions de la nation espagnole et d’un simple particulier allemand ? Ce sera alors l’occasion d’utiliser ce que vous, docteur, me proposez. Néanmoins, on criera à l’intrigue, on sera furieux contre moi, sans préciser le point d’attaque. Il ne s’agit, quant à ma réponse, que d’une question de politesse vis-à-vis du général. J’ai répondu à sa lettre. J’espère qu’il ne doutera pas de mes plus respectueux sentimens pour sa personne, ni de mon adhésion au projet dont la réalisation ne dépend plus que de lui et des Certes Je n’ai pas amené l’affaire au point où elle en est sans de considérables difficultés, que M. Gama, avec sa connaissance du terrain, pourra facilement se figurer et expliquer au général »

Évidemment beaucoup d’autres lettres, depuis détruites, ont été échangées entre Madrid et Varzin. Il est heureux qu’une au moins ait échappé à l’hécatombe et nous permette de démêler