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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Il est difficile de se rendre compte exactement de ce qu’ont été les élections municipales des 3 et 10 mai. La difficulté tient à deux causes : d’abord au grand nombre des scrutins, ensuite à l’importance particulière des questions de personnes et des intérêts locaux dans les élections de ce genre. Il y a plus de 36 000 communes en France et, des scrutins qui viennent d’avoir lieu, sont sortis près d’un demi-million de conseillers municipaux. Les multitudes sont toujours confuses, à moins qu’elles ne soient entraînées dans un courant très nettement déterminé. Or, il n’y a pas eu de courant dans les élections dernières. Si l’on excepte quelques provinces, comme la Normandie et la Bretagne, où l’accentuation à gauche a été assez sensible, partout ou presque partout ailleurs, on a marqué le pas et les divers partis ont conservé leurs positions, — à l’exception toutefois du parti collectiviste qui a perdu quelques-unes des siennes.

Il en a été ainsi notamment à Paris. Et cela est encore plus vrai de nos communes rurales où, lorsqu’il n’existe pas un de ces courans accentués dont nous avons parlé, l’électeur vote pour l’homme qu’il connaît ou pour la coterie locale à laquelle il est attaché. Ajoutons que nous sommes dans une période politique où le sens habituel des mots a beaucoup perdu de sa précision. Les candidats s’affublent d’étiquettes auxquels ils attachent peu d’importance. Tel s’intitule radical, et même socialiste, parce que ces dénominations sont à la mode et qu’il les croit douées d’une vertu électorale particulière ; mais, au fond de l’âme, il est resté modéré. Nous constatons ces déguisemens sans les excuser : les élections dernières en ont présenté de nombreux exemples. Aucun parti ne se proclame vainqueur, ce qui prouve bien que, à peu de chose près, le statu quo a été maintenu. Mais cela même est une nouveauté dans notre histoire électorale de