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REVUES ÉTRANGÈRES

VOLTAIRE ET ROUSSEAU EN ANGLETERRE


Voltaire, Montesquieu, and Rousseau in England, par J. Churton Collins, 1 vol. in-8, Londres, 1908.


On sait que, au printemps de 1726, le jeune Voltaire, ayant obtenu de sortir de la Bastille moyennant la promesse de s’éloigner aussitôt de Paris, a profité de cet exil pour se rendre en Angleterre, où il est resté pendant près de trois ans ; et l’on sait également que son séjour en Angleterre a été, pour lui, d’une importance extrême, aussi bien au point de vue de son éducation littéraire et scientifique qu’à celui de sa transformation définitive en apôtre de la « libre pensée. » Mais le détail des événemens de ce séjour ne nous est guère plus connu aujourd’hui qu’il y a cent ans, malgré les patientes recherches de maints érudits, anglais et français. « N’essayez point de vous renseigner là-dessus auprès des biographes de Voltaire ! s’écriait l’irritable Carlyle, dans son Histoire de Frédéric le Grand : vous ne trouverez que pure inanité et ténèbres visibles. » Après quoi, se mettant lui-même en devoir de dissiper ces « ténèbres, » il commençait un récit où l’on peut bien dire que chaque phrase était une erreur. Et telle est, en vérité, l’étrange discrétion des contemporains anglais, au sujet de la résidence de Voltaire parmi eux, que c’est à grand’peine qu’un professeur de l’Université de Birmingham, M. Churton Collins, est parvenu à recueillir une poignée de documens authentiques nous permettant, tout au moins, d’entrevoir ou de deviner de quelle façon l’exilé français a employé son temps, durant l’une des périodes les plus fructueuses de sa longue carrière. Ou plutôt il me