Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
* * *


Quelle épreuve ton œuvre à la raison prépare !
Quelle énigme pour elle en des traits si divers !
Elle accuse ta main brutale, inique, avare,
Sans oser, ô mon Dieu ! condamner l’univers

Hélas ! il faut mourir pour comprendre ces choses,
Si toutefois la Mort n’emplit pas le tombeau
Dans l’unique dessein d’alimenter les roses,
Virement éternel de l’horrible et du beau !


LE CHATEAU DE VAUX


A Madame la baronne Marochetti.

Que les temps sont changés ! Autrefois ce manoir
Fut d’Olivier le Daim le sinistre repaire ;
L’âme de Louis Onze et de son vil compère
Y hante un souterrain louche, insondable et noir.

Le château dans les bois semble à présent s’asseoir
Comme un aimable aïeul qui s’ingénie à plaire :
La pourpre du couchant teint son front séculaire,
Et son verger fleuri n’est qu’un vaste encensoir.

Plus de sanglots, sinon la rumeur cristalline
Du fleuve qui frissonne au pied de la colline ;
Plus de soupirs, que ceux du vent dans les halliers.

Des nonnes à ces tours que le lierre enguirlande
Ont appris lu douceur des toits hospitaliers,
Et la porte aujourd’hui s’ouvre aux arts toute grande.