Si ses lèvres ont épuisé
Le miel de l’humaine louange,
Dans mon pauvre vase brisé
Il est tombé des larmes d’ange !
Quand de tes blonds cheveux une boucle frissonne
Et chatouille soudain la neige de ton cou,
Tu retournes la tête et, ne voyant personne,
Tu dis : « C’est un zéphyr venu je ne sais d’où… »
Quand la rose d’Avril à ton corset posée
Laissant choir un pétale en effleure ta main,
Sans deviner comment la chute en fut causée,
Tu dis : « C’est le zéphyr… » et tu suis ton chemin.
Non ! ce furtif soupir dont frémissent tes tresses,
Ce timide baiser d’une fleur à tes doigts,
C’est l’amour qui s’essaye aux premières caresses,
C’est à son aile errante, enfant, que tu les dois.
Il fallait être bonne au temps où je souffrais,
Quand j’étais plus crédule et que j’avais des larmes,
Lorsque j’obéissais, comme un vaincu sans armes,
Lié si follement par des sermens si vrais !
Madame, en ce temps-là c’était vous que j’aimais,
J’ignorais le mensonge hallucinant des charmes.
Vous avez ébranlé mon cœur de tant d’alarmes
Que j’aurais le bonheur sans y croire jamais,