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tous ceux qui ne sont pas hostiles, de parti pris, à l’annexion Aussi le débat parlementaire qui doit se poursuivre après les élections, portera-t-il plutôt sur le traité de cession et sur les clauses imposées par le Roi dans l’Acte additionnel. Non seulement ces clauses paraissent très lourdes, mais les membres de l’opposition n’admettent pas que le Roi en impose aucune, le pays ayant le droit d’effectuer la reprise sans conditions. Ils reprochent au traité de cession de forcer la Belgique à respecter toutes les concessions et tous les monopoles. Sans doute la Fondation de la Couronne est supprimée ; mais, en fait, le territoire du Congo reste partagé entre le domaine national, d’une part, et les compagnies concessionnaires de l’autre. Les administrateurs de la Fondation conservent leurs places. Rien de changé, à ce point de vue, au régime ancien.

Quoi qu’il en soit, suivant toute probabilité, le projet du gouvernement, plus ou moins amendé, finira par être voté à une forte majorité, et la Belgique entrera en possession de la belle colonie que, depuis longtemps déjà, on s’est habitué à appeler le « Congo belge. » Nous devons le souhaiter à tous égards, non seulement à cause des vives sympathies qui nous lient à nos voisins du Nord, mais aussi parce que le Congo belge restera, au milieu des puissances qui se disputent l’Afrique australe, un tampon aussi nécessaire que la Belgique elle-même l’est en Europe. S’il y a eu naguère de lamentables abus commis dans l’État indépendant, les Belges tiendront à honneur de les réparer et, sans négliger le côté pratique de la question, ils penseront aussi qu’ils peuvent accomplir là-bas une belle et grande mission à laquelle ils ne voudront pas se dérober.


BARON JEHAN DE WITTE.