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de francs. Dans ce chiffre n’entre pas le budget du Domaine de la Couronne qui a formé, jusqu’à ce jour, une administration séparée. Cette Fondation étant supprimée, ses revenus, — dont on continue à ignorer le montant, — vont grossir les finances de la future colonie ; d’un autre côté, les charges nouvelles imposées par l’Acte additionnel s’élèvent à 4 600 000 francs en chiffres ronds. L’opposition a vainement demandé des explications au sujet d’un prêt de 30 millions fait, en 1906, par l’Etat du Congo à la Fondation de la Couronne et dont l’emploi n’a jamais été bien déterminé. On s’étonne que l’Etat indépendant, alors qu’il bouclait difficilement son budget, ait pu avancer pareille somme en échange de laquelle le souverain lui a cédé dernièrement des immeubles, tels que la Tour japonaise de Laeken, le portique-promenoir d’Ostende, un chalet et des serres à Middelkerke, un chalet et un jeu de golf à Clemskerke, etc.

L’exposé des motifs déclare que l’Etat a un passif de 114 millions et un actif de 121 millions, chiffre dont une partie est représentée par des titres et par des immeubles (situés en Belgique) dont la valeur paraît bien surfaite.

Il n’y a pas à se dissimuler que les recettes de la colonie diminueront dans de notables proportions, non seulement par suite de la suppression du travail forcé, mais aussi parce que l’exploitation intensive qui a marqué la période de 1896 à 1904 semble avoir épuisé certaines régions. En outre, le caoutchouc, malgré le débit considérable qui s’en fait grâce à l’industrie automobile, est en train de subir une forte dépréciation parce qu’on en a planté dans toutes les régions équatoriales et que le caoutchouc de Ceylan, de Malaisie, de Sumatra, des Philippines, commence à lutter victorieusement avec le caoutchouc du Congo et du Brésil. Or, ce produit est actuellement la seule véritable richesse du Congo : on ne peut plus trop compter sur l’ivoire (les réserves d’ivoire mort accumulées par les indigènes et qui rapportèrent de gros bénéfices durant les premières années étant aujourd’hui épuisées). Les plantations de caféiers et de cacaoyers ne donnent qu’un rendement dérisoire. L’annexion va donc coûter cher à la Belgique. M. de Smet de Naeyer n’a-t-il pas reconnu lui-même qu’on devra dépenser peut-être un milliard pour outiller le Congo ? C’est pourquoi le Times, voulant effrayer nos voisins, a dit qu’ « il leur faudrait choisir entre le déficit et le régime oppressif actuellement en vigueur. » Les radicaux belges déclarent