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correspondant à l’impôt ne dépasse point quarante heures par mois ; l’interdiction de charger les sentinelles de faire rentrer l’impôt ; l’introduction (depuis longtemps réclamée) d’une monnaie à laquelle s’habitueront vite les indigènes et qui facilitera, en les rendant plus équitables, les payemens qu’on leur fait, etc., etc.

Un décret spécial érige en Domaine national, sous la gérance d’un conseil de six membres nommés par le souverain, les biens administrés en régie par l’Etat et les mines non encore concédées. C’était ce qu’on nommait auparavant le Domaine privé.

Un autre décret alloue un prix de 200 000 francs à quiconque découvrira le remède propre à guérir cette cruelle maladie du sommeil qui décime l’Afrique équatoriale depuis quelques années ; en outre, un crédit de 300 000 francs est ouvert pour les recherches nécessaires à cette découverte.

Quelle que fût l’importance de ces documens, l’attention publique fut beaucoup plus attirée par la publication d’un codicille au testament royal de 1889 et d’une lettre adressée par le souverain à ses secrétaires généraux. Les prétentions émises, le ton même de cette lettre, si différent de celui qu’employait Léopold II dans ses précédentes déclarations, étaient de nature à provoquer l’inquiétude chez les Belges. Ceux-ci considéraient, depuis longtemps, le Congo comme devant leur revenir un jour : aussi, malgré les répugnances et les hésitations de la première heure, n’ont-ils pas ménagé leur concours à l’Etat indépendant dans la personne de leurs officiers, de leurs missionnaires, de leurs hommes politiques, les Lambermont, les Banning, les Beernaert, et tant d’autres. En outre, au point de vue financier, il est bon de rappeler que les Chambres ont voté : en 1887, rémission d’un emprunt à lots de 150 millions ; en 1889, une souscription de 15 millions pour le chemin de fer des Cataractes ; en 1890, un prêt de 25 millions non productif d’intérêts pendant dix ans. Par cette convention, le gouvernement s’engageait à ne contracter désormais aucun nouvel emprunt sans l’assentiment de la Belgique ; or, lorsque, au début de l’année 1895, il fut question d’annexer le Congo, l’Etat indépendant lit connaître aux Chambres qu’il s’était vu obligé de contracter avec un banquier d’Anvers (M. de Browne de Tiège), et dans des conditions fort onéreuses (6 pour 100), un emprunt remboursable par plus de 5 millions de francs. Il était stipulé qu’en cas de non-payement à l’échéance du 1er juillet 1895, le prêteur deviendrait