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enfans moralement négligés au-dessous de quinze ans, et les enfans déjà dépravés au-dessus de cet âge. Elle institue dans chaque district scolaire un Conseil de tutelle (Barnavärdsnämd), chargé de veiller de près sur ces deux catégories d’enfans. A l’âge requis, le Conseil doit faire apprendre à son pupille un métier rémunérateur. Si l’enfant est difficile et s’il exerce une influence démoralisante sur ses camarades, le Conseil peut le placer dans un asile de protection (Skyddshem), dont chaque arrondissement doit être pourvu en nombre suffisant[1]. Si l’enfant, au contraire, est maltraité et risque d’être perverti par sa propre famille, il a le droit de l’y soustraire pour le placer dans une autre famille honnête ou dans un asile d’enfans. Si les parens ont des ressources, ils sont tenus de payer pour lui une pension. S’ils sont indigens, l’entretien du pupille est à la charge du bureau de bienfaisance. L’éducation de ces pupilles a pour base la religion et pour objet d’en faire de bons citoyens et d’habiles ouvriers. Comme en Danemark, d’ailleurs, l’Etat suédois ne craint pas de faire appel au concours de l’Eglise, des municipalités et des sociétés d’initiative privée.

L’Eglise luthérienne est chargée de l’inspection générale des écoles primaires et primaires supérieures, elle a toujours considéré comme son premier devoir le patronage des garçons et des jeunes filles, à l’époque critique de la sortie de l’école et de l’apprentissage. En conséquence, elle a fondé ou encouragé les « Unions d’anciens catéchumènes » et les « Sociétés de la jeunesse. » Là, sous la présidence du pasteur, les adolescens de chaque paroisse étudient les questions morales, littéraires ou sociales et ils trouvent des jeux et des moyens de récréation saine, qui les préservent des mauvaises compagnies. Il faut mentionner, en outre, l’ « Organisation nationale de la jeunesse, » qui a des succursales dans chaque province et est particulièrement vivante en Dalécarlie. Plusieurs de ces sociétés publient des bulletins mensuels, qui servent de trait d’union entre les anciens et les nouveaux membres[2].

La plus remarquable de ces institutions suédoises est, à mon sens, celle des asiles-ouvroirs pour enfans (Arbetsstugor

  1. Un tel asile ne doit pas recevoir plus de 30 enfans.
  2. Ces informations précieuses nous ont été obligeamment fournies par M. X. Söderblom, ancien pasteur de l’église suédoise à Paris, actuellement professeur à l’Université d’Upsal.