Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 45.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accepté sans délais ni amendemens ; il a voulu surtout signifier sa résolution de faire aboutir, en Macédoine, des réformes sérieuses et complètes et, en présentant un programme radical, rendre plus facile l’acceptation et l’application de propositions plus bénignes. Le programme anglais accepté sans modifications aurait présenté des inconvéniens et des périls. La réduction de l’armée ottomane dans la Turquie d’Europe est une clause contraire aux droits souverains du Sultan ; elle ne sera jamais acceptée par lui. La dernière des concessions qu’on puisse demander à un État souverain c’est de se désarmer lui-même. La garantie de son territoire par les grandes puissances paraîtrait peut-être à la Turquie moins rassurante qu’une année nombreuse. Le traité de Paris ne lui avait-il pas garanti l’intégrité de son territoire ? Et cependant combien de provinces n’a-t-elle pas perdues depuis ? Une pareille clause serait de nature à engendrer les pires complications et à conduire peut-être un jour les puissances occidentales soit à manquer à leur parole, soit à faire une guerre de Grimée contre l’agresseur, quel qu’il soit, de la Turquie. L’entrée, au service ottoman, des agens civils, des membres de la commission financière et des assistans du général commandant la gendarmerie ne serait possible que si les pouvoirs du gouverneur général, proposé par l’Angleterre, et ses rapports avec les agens européens des réformes, étaient d’abord nettement déterminés.

La note russe du 26 mars, contenant le programme élaboré par M. Isvolski, n’a pas été rendue publique. La presse, d’après le Livre blanc anglais, et M. Pichon, dans son discours du 8 avril à la Chambre des députés, en ont résumé les points principaux :


L’inspecteur général conservera son poste durant sept ans ; on ne pourra le renvoyer contre la volonté des puissances ; de l’avis du gouvernement russe, l’inspecteur général serait un excellent agent de la réforme s’il lui était donné Je s’appuyer sans crainte sur quelque institution solide. On pourrait créer pareille institution, ou plutôt la modifier, puisqu’elle existe déjà sous la forme de commission internationale des finances, avec siège à Salonique. Les pouvoirs de cette institution s’étendront sur toutes les ramifications de la vie publique ; les membres représentant la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie seront investis de droits identiques à ceux de l’Autriche et de la Russie ; en conséquence, le mandat spécial confié jusqu’ici à ces deux dernières puissances prendrait fin. D’ores et déjà, les six nations énumérées entreprendraient la tâche que deux puissances particulières, agissant au nom de toutes, n’ont pas réussi à parfaire.