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et la mobilisation de ses troupes ; ils constitueraient la plus sûre méthode pour parvenir à une pacification définitive de la Macédoine sous l’autorité ottomane.

Ainsi, à propos des chemins de fer balkaniques, nous avons assisté à une sorte de duel diplomatique : la Russie ripostant au Seraiévo-Mitrovitza par le Danube-Adriatique. Maintenant que s’est apaisée l’émotion des premières heures, la question a pris plus d’ampleur, elle est rentrée dans les voies normales de la diplomatie en Orient, et ces voies sont lentes. L’état de la Macédoine appelle malheureusement des remèdes plus promptement efficaces. L’intérêt de la bataille, qui s’était d’abord détourné vers les chemins de fer, se reporte donc maintenant sur les réformes ; c’était là le vrai terrain où la Russie pouvait trouver une compensation à l’avantage autrichien et le moyen pratique de reprendre dans les Balkans son influence et son prestige. La véritable riposte de Pétersbourg au discours du baron d’Æhrenthal, c’est la note russe du 26 mars.


IV

La question des réformes à accomplir en Macédoine est bien antérieure à la crise déchaînée par le discours du 27 janvier ; mais elle a subi le contre-coup de l’émotion générale soulevée par l’initiative du baron d’Æhrenthal ; son évolution en a été précipitée, elle est entrée dans une nouvelle phase aiguë. Nous avons exposé ici assez en détail l’œuvre des réformes, discuté leur valeur, et montré à la fois leur efficacité et leur insuffisance, pour n’avoir pas besoin d’y revenir. La crise actuellement ouverte va être l’occasion d’un nouvel effort dont il faut souhaiter vivement, dans l’intérêt de la paix générale, que les résultats soient plus complets et plus décisifs.

Les derniers mois de l’année 1907 ont été, au point de vue du résultat des réformes, particulièrement décourageans. C’est, notamment, l’impression qui se dégage de la lecture du Livre jaune publié l’été dernier par le gouvernement français après la fin de la longue négociation relative à l’augmentation de 3 pour 100 des droits de douane turcs. Malgré son désir d’obtenir cette surtaxe onéreuse au commerce européen, on voit la Porte opposer une inlassable force d’inertie, une mauvaise volonté constante, aux demandes les plus raisonnables et les plus