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Méditerranée. D’autre part, il y a espoir de voir sous peu s’effectuer la jonction des chemins de fer turcs et grecs, ce qui mettrait en communications directes Vienne, Budapest, Serajévo, Athènes et le Pirée, et constituerait la voie la plus directe entre l’Europe centrale, l’Egypte et les Indes. Pour notre part, nous appuyons chaleureusement à Constantinople les demandes grecques en vue delà jonction ; ce n’est que par là que se réalisera dans son ensemble notre idée économico-politique. J’espère que dans ces entreprises nous pouvons d’autant mieux compter sur le concours du Sultan, que le raccordement du réseau turc avec les lignes bosniaques au Nord et avec les grecques au Sud ouvrirait aux vilayets macédoniens une nouvelle ère économique et contribuerait ainsi à accroître l’intérêt des populations de ces pays à des œuvres pacifiques.

Mais il sera également nécessaire d’établir des communications avec le Monténégro, et, avant tout, de construire une ligne entre Cattaro et le littoral monténégrin ; la question est actuellement à l’étude ; lorsque ces études auront abouti, nous entrerons en pourparlers avec la principauté, sur la base de l’article 29 de l’Acte de Berlin.

J’estime que notre politique de chemins de fer, que je retrace ici dans ses grandes lignes, nous facilitera essentiellement dans la transformation actuelle des conditions politico-économiques et dans le maintien de notre situation. En même temps, elle assurera à nos communications avec le Sud de nouvelles combinaisons, à la condition toutefois que nos efforts purement économico-politiques soient puissamment secondés, non seulement par les pays balkaniques intéressés, mais aussi par la sagacité entreprenante de nos milieux économiques et industriels.


La politique, ainsi annoncée et définie, par le baron d’Æhrenthal, est une application de l’article 25 du traité de Berlin. Il est bon d’en rappeler le texte :


ART. 25. — Les provinces de Bosnie et d’Herzégovine seront occupées et administrées par l’Autriche-Hongrie.

Le gouvernement d’Autriche-Hongrie ne désirant pas se charger de l’administration du sandjak de Novi-Bazar qui s’étend entre la Serbie et le Monténégro, dans la direction Sud-Est jusqu’au-delà de Mitrovitza, l’administration ottomane continuera d’y fonctionner. Néanmoins, afin d’assurer le maintien du nouvel état politique ainsi que la liberté et la sécurité des voies de communication, l’Autriche-Hongrie se réserve le droit de tenir garnison et d’avoir des routes militaires et commerciales sur toute l’étendue de cette partie de l’ancien vilayet de Bosnie.

A cet effet, les gouvernemens d’Autriche-Hongrie et de Turquie se réservent de s’entendre sur les détails.


Après trente ans, c’est une de ces ententes, prévues par le dernier paragraphe de l’article 25, qui vient de se conclure entre Vienne et Constantinople.