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LA CRISE BALKANIQUE

CHEMIN DE FER ET RÉFORMES

Nous avons essayé ici, au cours d’une série d’études[1], d’analyser les conditions dans lesquelles la question d’Orient se présente aujourd’hui devant l’Europe ; nous avons cherché à quelle phase de son évolution elle est parvenue, et conclu à l’imminence d’une crise. Et voici qu’au moment même où nous achevions de décrire la scène et de mettre en place les personnages, la crise s’est brusquement ouverte. Elle est actuellement pendante ; et, dès le premier jour, il a été, une fois de plus, manifeste que les moindres incidens balkaniques peuvent entraîner les plus lointaines et les plus dangereuses répercussions. Il ne s’agissait d’abord que d’un tronçon de chemin de fer dans un pays perdu, mais c’était assez pour alarmer les intérêts et réveiller les ambitions ; puis la question des réformes en Macédoine est venue se greffer sur celle des voies ferrées, et voici que l’on signale des meetings à Sofia, des troubles en Arménie, des armemens sur les frontières du Caucase et de la Perse. Entre chancelleries, on cause, on échange des vues, on rédige des notes, on escarmouche : en réalité, on tâte le terrain pour prendre plus sûrement position si la vraie bataille vient à s’engager. Comment se présente la crise qui commence en 1908, quel paraît être le sens de son évolution et quelles en peuvent être les péripéties, c’est, aujourd’hui, ce que nous voudrions exposer.

  1. Voyez la Revue des 15 septembre 1906, 1er février, 15 mai, 1er juin, 15 juillet, la novembre 1907, 15 février 1908.