ET LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DONNADIEU
La rue du Sentier, si passante aujourd’hui et si affairée, n’était, en 1802, qu’une solitaire et dormante ruelle. Prolongeant vers les vieux ormeaux des Boulevards l’étroit couloir du Gros-Chenêt, elle étendait en un silence tout provincial la fétide cavée de son unique ruisseau, les moisissures de ses pavés pointus, ses boute-roues de granit et deux ondulations de rares, inégales, taciturnes maisons. Çà et là, construits en retrait, quelques hôtels entrecoupaient l’alignement de ces bâtisses, mais déserts pour la plupart ; propriétés de ci-devant qu’avait confisquées la Nation. Etranglée et cahotante, cette venelle n’était guère fréquentée par le cabriolet : dans l’agitation du quartier Montmartre, elle ressemblait à quelque coin morose de bourgade départementale. Pourtant, elle avait eu jadis ses jours de vogue et d’élégance. Des carrosses précédés de coureurs l’avaient remplie de leurs sonorités ; des hallebardes de suisses, des livrées
- ↑ Voyez la Revue du 1er avril 1908.