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Les emplois faits par les banques des ressources mises à leur disposition consistent pour un sixième à peu près en titres, participations et commandites. Ce sont là, dans une certaine mesure, des immobilisations ; cependant, certains titres pourraient être réalisés plus ou moins aisément à la bourse. Les cinq autres sixièmes sont représentés par l’encaisse, c’est-à-dire le métal, les billets et aussi les sommes dont chaque établissement est créditeur à vue à la Reichsbank ou chez des confrères ; par un portefeuille d’effets de commerce qui peuvent, en partie tout au moins, être réescomptés à la Reichsbank, laquelle donnerait des billets en échange du papier à échéance plus ou moins courte, et enfin par les débiteurs, qui absorbent près de la moitié de l’actif. Ces derniers comptes forment le point délicat du bilan des banques allemandes, qui avancent des milliards à des sociétés et à des particuliers dont elles deviennent, sous cette forme indirecte, quelque peu les commanditaires.

L’accroissement considérable des dépôts est d’autant plus significatif que parallèlement ceux des seules caisses d’épargne prussiennes se sont élevés à plus de 8 milliards de marks. En présence de chiffres pareils, on est mal venu à parler de la pauvreté de l’Allemagne et de l’absence d’esprit d’économie chez ses habitans. Ce qui est vrai, c’est qu’au cours des deux dernières années, la position des banques ne s’est pas améliorée sous le rapport des disponibilités immédiates. Les comptes débiteurs ont grossi, non seulement absolument, mais relativement aux autres élémens de l’actif, et, comme nous l’avons expliqué, ils ne représentent pas une ressource liquide. La plus grande partie de ces comptes, les trois quarts environ, sont couverts par des gages, mais ceux-ci ne sont pas toujours aisément réalisables. L’augmentation des reports indique que les banques ont étendu l’appui qu’elles donnent aux bourses, qui ont d’autant plus besoin d’elles que les lois allemandes interdisent, dans beaucoup de cas, les négociations à terme, et que les acheteurs an comptant demandent des avances qui les aident à lever leurs titres. Dans l’ensemble, les bilans de fin 1906 indiquaient l’excessive activité de la vie économique et donnaient un avertissement qui, joint au renchérissement de l’argent, signalait l’approche des temps difficiles.

Les relations entre les banques et les sociétés industrielles sont particulièrement intimes et suivies. Autour de chacune des