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établissemens de banque, comment leur situation apparaissait-elle au milieu de la tourmente, dans quelle mesure pouvaient-ils continuer à rendre service à leur clientèle ? C’est ce qu’il convient d’examiner maintenant.


III

Les banques particulières ne jouent pas dans la vie économique de l’Allemagne un rôle inférieur à celui de la Reichsbank. Celle-ci a pour fonctions essentielles de régulariser la circulation fiduciaire, de veiller à l’intégrité de l’étalon monétaire et de faciliter aux diverses parties de l’Empire le règlement de leurs comptes : elle constitue une vaste chambre de compensation qui, avec ses 500 succursales et bureaux, donne à chacun le moyen de verser gratuitement toute somme au crédit d’un autre client. Elle dispense aussi dans une certaine mesure le crédit, puisque, au moyen de ses billets, elle escompte des traites et consent des avances ; elle vient enfin en aide au Trésor dont elle a presque constamment, depuis quelques années, des bons à court terme en portefeuille. Mais les véritables réservoirs du crédit sont les banques, que la terminologie allemande désigne très : justement du nom de Kredîtbanken, les distinguant ainsi des banques d’émission (Zettelbanken) et des banques foncières (Hypothekenbanken). Ces établissemens sont en contact direct avec les commerçans et les industriels, dont ils prennent le papier : leurs ressources proviennent de leurs capitaux de fondation, de leurs réserves et de leurs dépôts. Ces derniers n’ont pas encore atteint en Allemagne de chiffres comparables à ceux des États-Unis ni de l’Angleterre : ils seraient cependant assez considérables pour justifier l’existence de banques dont la fonction exclusive serait de les recevoir et de les faire fructifier, comme les Joint stock banks anglaises, ou le Crédit lyonnais à Paris. Néanmoins nous ne voyons pas encore les établissemens de dépôts former une catégorie spéciale dans la classification des banques d’outre-Rhin.

Cela tient surtout à ce que, dans la rapidité de leur croissance, celles-ci n’ont pas eu le loisir de se spécialiser. Les hommes éminens qui les dirigent ont appliqué leur énergie à la création de l’outillage économique, et ils ont eu besoin d’avoir directement sous la main le plus de ressources possible, qu’ils