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des échanges constans, ils subissent au bout de quelque temps le contre-coup de la hausse des taux d’escompte, c’est-à-dire qu’ils baissent. Les actions de banques et d’entreprises commerciales ou industrielles ne suivent pas aussi vite la même marche, parce que le revenu en est plus incertain et que, dans quelques cas, il peut même s’accroître par suite du renchérissement de l’argent. Quant aux placemens fonciers, ils sont les derniers à voir leur taux se modifier : faits en général pour une très longue durée, ils se règlent d’après la moyenne des probabilités d’une période de beaucoup d’années. Aussi voit-on, en temps de crise, le marché des immeubles moins affecté que celui des valeurs mobilières. Cependant, l’organisation moderne du crédit a mobilisé en partie ce domaine, particulièrement celui qui est constitué par les maisons urbaines, sous forme d’obligations hypothécaires : celles-ci étant des valeurs mobilières participent dans une certaine mesure aux fluctuations de ces dernières et traduisent alors, par leurs propres écarts, les changemens survenus dans le marché des capitaux.

Le taux d’escompte moyen de la Banque de l’Empire allemand s’est élevé de 3,14 pour 100 en 1895 par degrés jusqu’à 5,33 en 1900 : il est redescendu à 3,32 en 1902 et s’est relevé jusqu’à 5 pour 100 en 1906 et 6,03 pour 100 en 1907. Les variations de l’année 1907 ont été les suivantes : de7, puis fi pour 100 en janvier, le taux s’est abaissé à 5 et demi en avril, est resté à ce niveau jusqu’en octobre ; il s’est alors brusquement élevé à 6 et demi, puis à 7 et demi pour 100 en novembre. Ce n’est qu’en janvier 1908 qu’il est redescendu à fi et demi, puis à 6 pour 100. En même temps que les taux s’élevaient, la quantité des billets émis croissait. La limite au-delà de laquelle la Reichsbank paie à l’Etat un impôt de 5 pour 100, a été presque constamment dépassée en 1907. Le droit de timbre sur les effets de commerce, qui donne la mesure de l’activité des transactions, a augmenté de mois en mois ; les huit premiers mois de 1907 indiquent de ce chef une majoration de 9, 38 pour 100 sur la même période de 1906, qui avait elle-même dépassé la précédente de plus de 10 pour 100.

Toutes les indications étaient concordantes, et la seule inspection des bilans que la Reichsbank public quatre fois par mois avertissait le monde des affaires de la situation. Celle-ci ne pouvait évidemment se prolonger : bien qu’on n’ait