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début de l’Empire, ils avaient mis leurs forces au service des sociétés nouvelles qui avaient besoin de capitaux et de crédit. Encouragés par le gouvernement impérial, qui sentait tout le prix de l’appui que les organismes financiers pouvaient et devaient donner aux créations de l’industrie et aux relations commerciales, ils évoluèrent avec une rapidité telle qu’il faudrait en refaire constamment l’histoire, à quelques années d’intervalle, pour tenir le lecteur au courant[1]. Les augmentations de capital se sont succédé, à de certains momens, pour ainsi dire sans interruption : elles ont été accompagnées d’un accroissement parallèle des réserves, dont une partie a été constituée au moyen de la prime payée par les souscripteurs d’actions nouvelles.

Au premier rang se trouve la Banque de l’Empire, fondée en 1875, le premier et principal institut d’émission du pays, destiné, dans un avenir plus ou moins prochain, à concentrer entre ses mains le monopole des billets de banque. Seules, les banques de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg et de Bade conservent encore, à côté d’elle, le droit de créer des billets ; mais la circulation des quatre établissemens réunis ne représente guère que le dixième de celle de la Reichsbank[2], qui est désormais maîtresse de régler à son gré les taux de l’escompte et de gouverner le marché monétaire, conformément au programme que lui a tracé sa charte constitutive. Son privilège, déjà deux fois renouvelé en 1890 et en 1900, ne lui est chaque fois consenti que pour dix ans ; et chaque fois le gouvernement exige une part plus grande dans les bénéfices, dont les actionnaires ne touchent actuellement que le quart. Avant partage, un modeste intérêt de 3 1/2 p. 100 leur est servi sur leur capital de 180 millions de marks, supérieur de 25 p. 100 à celui de la Banque de France. Le système d’émission de la Reichsbank est simple : elle est autorisée à créer trois fois plus de billets qu’elle n’a d’espèces en caisse, à condition que l’écart entre ces deux chiffres soit couvert par un portefeuille d’effets de commerce ; lorsque sa circulation dépasse le montant du métal augmenté d’une somme fixée par la loi qui s’appelle le contingent et qui est d’environ un

  1. Voyez notre article sur les Marchés financiers de l’Allemagne dans la Revue du 15 novembre 1897.
  2. La moyenne de la circulation totale des cinq banques en 1906 a été de 1 531 millions de marks, dont 1 387 pour la Reichsbank et 144 pour les quatre autres.