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LE PRINTEMPS


Le vieil Hiver est mort, et Printemps va paraître
Dans une éclosion de clartés et de fleurs.
Printemps va se vêtir des plus vives couleurs,
Et veut que le soleil brille à chaque fenêtre.

Il court par les sentiers où les agneaux vont paître,
Où les petits oiseaux sifflent des airs moqueurs,
Et lance à pleines mains, dans tous les jeunes cœurs,
Les savoureux désirs des amours qui vont naître.

— Salut, bourgeons ; salut, rouges fraises des bois,
Feuilles, fleurs qui semblez vous ouvrir à ma voix
Et qui donnez votre ombre à la terre ravie…

En mon être assoupi passe un frisson joyeux,
Mon cœur lassé tressaille, et j’ouvre grands mes yeux
Pour les emplir d’amour, de lumière et de vie !


NUIT D’ÉTÉ


Le jour se meurt, chargé de brises embaumées.
Tout s’estompe… Les feux du couchant sont éteints,
Laissant flotter encor les contours incertains
Des nuages, pareils à de pourpres fumées.

La caresse du vent, sur les roses charmées,
Furtivement s’attarde en baisers clandestins ;
Et voici que déjà, clignant leurs yeux lointains,
Les étoiles se sont, une à une, allumées.

Sur la campagne grise et dans les airs, nul bruit
Ne vient troubler la paix du silence ; la nuit
Déroule lentement ses voiles et ses gazes,

Et la lune argentée agrafe son croissant
Dans le ciel qui s’étend immense, éblouissant,
Comme un royal manteau constellé de topazes.