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L’ALLEMAGNE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE
AU DÉBUT DE 1908


I

Le monde vient de traverser une crise financière d’une violence peu commune. Nous en avons, il y a trois mois, étudié les effets dans le pays où elle s’est manifestée avec le plus d’intensité, aux États-Unis[1]. La situation de l’Allemagne, au cours de l’année 1907, n’a pas été pour nous un sujet de préoccupation moindre : mais il n’y a point de comparaison à établir entre elle et l’Amérique. Il nous a paru particulièrement utile de chercher à donner à nos lecteurs un tableau fidèle de ce pays, au lendemain du jour où l’on a répandu tant de bruits inquiétans sur lui, et où l’on a été jusqu’à dépeindre la position de ses banques et de ses industries comme presque désespérée. Le contraste entre le calme relatif qui régnait à Paris et la nervosité de la bourse de Berlin, quelques faillites retentissantes, entre autres celles de la vieille maison Haller Soehle, à Hambourg, et d’un spéculateur berlinois engagé dans des affaires minières et immobilières, l’élévation anormale du loyer de l’argent sur les places allemandes, les offres multipliées à Paris d’effets de commerce, de traites de banque et même de bons du Trésor allemands à des taux très supérieurs à ceux qui se pratiquaient au même moment pour les valeurs françaises analogues, des rumeurs aussi vagues qu’inexactes répandues sur de prétendues demandes

  1. Voyez, dans la Revue du 15 décembre 1907, notre étude sur la Crise américaine.