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Marie-Caroline, duchesse de Berry, et de Hector, comte de Lucchesi-Palli des princes de Campofranco.

Ce fut la première révélation donnée de ce nom. La princesse en avait gardé le secret, et ses entours, aussi bien que ses plus dévoués partisans, l’apprirent avec le public. On alla aux informations, et bientôt le rire simultané de toute l’Europe accueillit la paternité postiche d’un homme qui n’avait pas quitté la Haye depuis deux ans.

Probablement Mme la duchesse de Berry ignorait cette circonstance. En tout cas elle affectait une grande satisfaction de son choix. Lorsqu’on lui annonça le sexe de son enfant : « Ah ! j’en suis bien aise, dit-elle, mon bon Lucchesi désirait beaucoup une fille ; cela lui fera plaisir. »

Mme d’Hautefort et M. de Brissac refusèrent de signer le procès-verbal rédigé en leur présence. La princesse leur en sut extrêmement mauvais gré. Au reste elle était fort mal avec eux depuis longtemps.

En s’enfermant à Blaye auprès d’elle, ils croyaient avoir à soigner de plus nobles infortunes et ne dissimulaient pas leur mécontentement, accru encore par la légèreté des propos de la princesse et son étrange familiarité avec les officiers de la petite garnison du château.

Toutefois, Mme d’Hautefort se résigna à écrire, sous la dictée de Mme la duchesse de Berry, quelques lettres où, en annonçant la naissance de la petite Rosalie, elle représentait la maison de Lucchesi-Palli comme tellement illustre et le comte Hector comme si personnellement distingué, qu’en vérité tout l’honneur de l’alliance se trouvait pour la fille des rois.

Cette maladresse augmenta l’hilarité des malveillans et la tristesse des gens qui désiraient jeter un voile sur cette déplorable aventure.


On ne s’occupa plus à Blaye qu’à hâter le rétablissement de la princesse. Elle eut la promesse d’être reconduite en Sicile dès que sa santé le permettrait. La première pensée avait été de la diriger sur Trieste ; mais le roi Charles X refusait positivement de la recevoir. Il devenait plus opportun alors de la remettre aux mains de son frère. On négocia à cet effet avec lui ; il n’en voulait pas à Naples, mais l’accepta en Sicile.

Mme d’Hautefort et M. de Brissac prétextèrent des affaires