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jeu. Outre l’arpentage, la transition comporte des constructions de routes, des concessions de bois à bâtir, des opérations hydrotechniques.

C’est un effort colossal et sans précédent d’organisation agraire qui est commencé et qui va se poursuivre. Il n’est d’ailleurs pas à souhaiter que les classes rurales en Russie demeurent vouées exclusivement au labeur agricole ; la division du travail doit s’opérer parmi elles suivant leurs aptitudes, comme elle s’est opérée dans tout l’Occident. Là-bas les campagnes souffrent du manque des artisans les plus nécessaires, tels que menuisiers, serruriers, mécaniciens, que l’on doit faire venir des villes à grande distance pour la réparation la plus simple.

Avec le mir d’aujourd’hui, avec cette espèce particulière à la Russie de mi-laboureurs, mi-ouvriers, toujours théoriquement attachés à la terre bien que résidant dans les cités, et qui s’absentent tantôt des champs et tantôt de l’usine, on fait de mauvaise agriculture et de mauvaise industrie.


VII

Ce n’est pas que le nombre des bras utilisés par cette dernière soit encore bien considérable : 112 000 hommes employés à l’extraction de la houille, 52 000 à la fabrication du fer et de l’acier, c’est un effectif insignifiant eu égard à l’énorme réserve de bras que possède cet empire. Pourtant on a quelque peine à se les procurer ; la formation, la direction d’un personnel indigène offre assez de difficultés pour que des émigrans allemands, bulgares, bessarabiens puissent venir dans le Sud faire concurrence aux Russes et leur soient préférés. Ceux-ci retournent périodiquement dans leurs villages à Noël, à Pâques et durant la saison des récoltes ; d’où résulte en décembre, avril, juillet, août et septembre, une diminution de travail qui, jusqu’à ces dernières années, atteignait le et même 25 p. 100 par rapport aux autres mois. Pour stabiliser la population, les patrons, au lieu de caserner leurs hommes en de vastes logis, ont dû bâtir pour chaque ménage une maisonnette avec une cave et un four, dont le coût approche de 3 000 francs. Ils ont dû procurer à chaque famille un pacage pour son bétail.

Ces dépenses sont une charge nouvelle, ajoutée à celle qu’impose la législation russe. Celle-ci, dans une vue louable