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Séfévis. Le XIXe siècle ramena des missionnaires français, anglais et américains ; plus récemment des allemands et des russes. Les lazaristes et les sœurs de charité s’installèrent à Ourmiah, en 1810 ; successivement, ils essaimèrent à Salmas, Téhéran, Tauris et Ispahan. L’Alliance Israélite ouvrit, à Téhéran, sa première école en 1898 ; l’année suivante, le comité local de l’Alliance Française inaugura la sienne. Quelques services qu’ils aient pu nous rendre, c’est au gouvernement persan lui-même que revient l’initiative d’avoir introduit la civilisation européenne, par le moyen de la culture française. Déjà Mohammed Schâh avait retenu notre compatriote, M. Richard Khan, qui devint le précepteur des princes royaux et écrivit une méthode franco-persane, encore usitée dans les écoles. En 1852, aussitôt après son avènement, Nasreddîn Schàh fonda le Dar-ol-Fonoûn, l’École polytechnique, qui fut un foyer d’enseignement supérieur, selon les méthodes européennes. A l’heure actuelle, les docteurs Georges et Galley y professent la médecine et la chirurgie ; MM. Dantan, Olmer et David, l’histoire naturelle, la chimie et les mathématiques. Depuis son origine, la culture française n’a cessé de régner dans cet établissement. Confiée aux officiers autrichiens, l’école militaire développa surtout l’allemand ; mais les autres écoles, — école des Sciences, école d’Agriculture, école des Sciences politiques, — se servent exclusivement de notre langue, également enseignée dans une soixantaine d’écoles privées, à l’école allemande de Téhéran et dans les missions américaines de l’Azerbaidjan ; elle vient même de pénétrer dans les écoles zoroastriennes de Yezd. L’Ecole polytechnique fournit des professeurs de français aux écoles qui s’ouvrent dans les provinces.

Nasreddîn Schâh envoya s’éduquer en France deux groupes d’étudians qui se dispersèrent dans les institutions les plus variées. Il y en eut à l’école Polytechnique, à Saint-Cyr, dans les facultés de droit et de médecine, à l’école des Beaux-Arts et des Arts et Métiers, à l’école Vétérinaire d’Alfort. Revenus au pays, ces jeunes gens eurent des fortunes diverses : l’un d’eux, Mohendis ol-Memâlek fut ministre des Travaux publics ; un autre, Moayyed os-Saltané, est actuellement ministre de Perse à Berlin ; le peintre Mîrzâ’Alî Akbar Khân mérita le titre flatteur de Mozayyin-od-Dowleh, le décorateur de l’État ; le menuisier, Oustad-Haïder’Alî apprit son métier au faubourg Saint-Antoine