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tolérantes à l’égard des non-musulmans et ne reculent pas, en matière sociale, devant les idées les plus extrêmes. Du reste, les théories socialistes ne sont pas étrangères à l’Iran ; avec elles, un réformateur, du nom de Mazdak, avait failli bouleverser le pays, au VIe siècle de notre ère, sous le règne de Kobad, le Sassanide.

La pénétration des idées européennes acheva de mûrir dans les esprits les tendances propagées par les cénacles de philosophes, issus des sectes persanes.

Il n’y a pas plus d’un siècle que la Perse s’est remise en contact avec le monde occidental. Les troubles du XVIIIe siècle avaient écarté les Européens, naguère attirés par les Séfévis. Ils revinrent sous les Kadjars. Dès 1807, la mission du général Gardane introduisait un groupe d’officiers français, auquel la Compagnie des Indes opposait aussitôt des officiers anglais. Il y eut des Anglais, qui guerroyèrent sur la frontière russe, des Français, qui instruisirent les garnisons de la frontière turque. En 1839, Ferrier vint en Perse, et l’hostilité des Russes lui permit d’entreprendre en Afghanistan son fameux voyage. Depuis le milieu du dernier siècle, il y eut des instructeurs italiens et autrichiens. Aux efforts des uns et des autres, l’armée persane se montra également rebelle ; malgré la présence actuelle d’officiers autrichiens, elle continue de maintenir, au profit de la famille et de la domesticité royales, les abus du passé.

Les médecins vinrent plus tard et réussirent mieux. Princes et grands seigneurs persans ont coutume d’introduire dans leurs suites des médecins particuliers et d’en faire leurs hommes de confiance. Dès son avènement, Nasreddîn Schâh fit appel à la science française : les docteurs Cloquet, Tholozan, Feuvrier et Schneider se succédèrent au Palais ; le docteur Coppin vint à Téhéran avec le Roi régnant ; plusieurs médecins militaires français se trouvent détachés en Perse. Leurs suggestions amenèrent la création d’un conseil de santé, chargé de défendre le pays contre la contagion de l’Inde et de combattre les épidémies si fréquentes dans l’Iran. A la suite de la Convention de Paris de 1903, le gouvernement persan élargit spontanément l’institution primitive, y fit entrer les médecins étrangers avec le délégué sanitaire ottoman, pour leur soumettre toutes questions d’hygiène et de police sanitaire. Le docteur Schneider en fut le président.

Les missions religieuses s’étaient déjà multipliées sous les