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apologétique nouvelle, qu’on trouvera, je le sais bien, aussi hasardeuse que nouvelle, mais dans l’avenir de laquelle je ne mets cependant pas moins d’espoir que de confiance. » Et il ajoutait :


On a souvent loué l’Église catholique de la faculté qu’elle possédait, seule au monde et dans l’histoire, d’absorber la plupart de ses propres hérétiques, — et on entend par là ceux qui, dans une autre Église, telle que l’Anglicane ou la Russe, n’auraient jamais pu concilier leur opinion personnelle avec l’étroitesse du symbole et la rigueur de la discipline. Le moment approche où une nouvelle apologétique non seulement n’aura plus rien à craindre de ses plus éminens contradicteurs, mais les absorbera, comme l’Église a fait de ses hérétiques, et où, de leurs aveux, et même de leurs objections, nous verrons surgir de nouvelles raisons de croire… Si la méthode a été jadis indiquée par le cardinal Newman, ses effets suffisent, depuis un demi-siècle, à en prouver toute la fécondité. C’est ce que je prendrai la liberté de rappeler à tous ceux que ce titre : les Raisons actuelles de croire a un peu émus. Et si, par hasard, je ne les avais pas convaincus, je les supplie de songer en ce cas, qu’en dépit de l’orateur ou de l’historien qui l’explique mal, une méthode n’en conserve pas moins toute sa valeur ; qu’à des nécessités nouvelles, il faut opposer de nouveaux moyens de défense ou d’action ; et que la tentative n’en saurait être dangereuse, lorsque l’on déclare hautement que, pour en être l’auteur, on ne s’en croit pas d’ailleurs le juge.


Cette œuvre d’apologétique chrétienne fut, pendant trois ou quatre ans, — 4900-1904, — l’œuvre non pas unique, — il n’a jamais été l’homme d’une occupation unique, — mais capitale de sa vie. Elle était, à dire vrai, le prolongement tout naturel de son activité antérieure. Il avait, nous l’avons dit, un tempérament d’apôtre. Il le manifestait même en matière littéraire. Il était incapable de garder pour lui seul, de ne pas communiquer aux autres les « vérités » qu’il avait découvertes, et dont il avait personnellement éprouvé la solidité et la justesse. Avant même d’être, ou de se dire « chrétien, » il était déjà apologiste. Telles études de lui sur les Bases de la croyance, ou sur le Catholicisme aux Etats-Unis sont déjà des « introductions à la vie dévote. » Le titre même qu’il avait choisi pour désigner la suite de ses conférences sur des « questions actuelles, » Discours de combat, — il aimait ces titres qui sentent la poudre, — indiquait clairement son intention de rompre des lances en faveur de certaines idées sociales et religieuses. Il faut ajouter qu’il était vivement encouragé dans cette attitude par les événemens contemporains. L’idée de patrie traversait alors en France une