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CONSPIRATEURS ET GENS DE POLICE[1]

L'AVENTURE DU COLONEL FOURNIER
ET LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DONNADIEU
(1802)

PREMIÈRE PARTIE


I. — AVANT LA PARADE DÉCADAIRE

… L’horloge du Palais Consulaire annonça midi, et Napoléon Bonaparte parut aussitôt.

Depuis une heure déjà, le Château des Tuileries s’emplissait de rumeurs, de bruissemens, de vacarme. Au dehors, c’était des batteries de tambour, des grincemens de fifre, des éclats de musique militaire : le Veillons au salut de l’Empire, ou bien la Marche des Tartares ; c’était aussi le pas lourdement rythmé des chevaux, les perçantes sonorités des trompettes de cavalerie, les cris aigus et cadencés des commandemens ; avec des strideurs de ferrailles, les caissons d’artillerie légère rebondissaient sur les pavés, et les canons de la grosse artillerie, montés sur des

  1. Voyez dans la Revue des 1er et 15 novembre, 1er et 15 décembre 1902, notre précédent récit : Conspirateurs et Gens de police. — Le complot des Libelles, 1802, 1 vol. chez Armand Colin. Nous renverrons souvent le lecteur à ce récit dont nous avons, d’ailleurs, reproduit les procédés de narration et de mise en œuvre : « Le roman de la réalité, » comme a bien voulu le qualifier la critique anglaise.