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ne plus reparaître. » D’ailleurs, Paris, ce jour-là, s’est résigné à son sort avec une rapidité étonnante. « A cinq heures du soir, tout était absolument fini ; la garde nationale et les alliés, en collaboration, veillaient au bon ordre de la ville. Les théâtres, seulement, ne s’ouvrirent point, dans la soirée ; mais cette soirée fut l’unique exception, et, dès le lendemain, le Palais-Royal était aussi brillant et plus gai que jamais, avec le mélange bariolé de ses visiteurs. » Il est vrai que la plupart de ces renseignera en s, de l’aveu même de Stanley, lui ont été fournis « par son hôtelier, » qui, du reste, affirme avoir naguère combattu à Marengo.

Quelques jours après, notre voyageur est invité à dîner chez Mme de Staël, où il rencontre Lafayette et Mme Récamier. Le premier est « un homme de haute taille, et gauchement bâti, avec un visage révélant du bon sens, mais ne laissant voir aucune trace de vivacité ni d’éclat. » De Mme Récamier, « encore qu’elle ne soit plus dans sa première jeunesse, » Stanley « comprend sans peine qu’elle ait, jadis, ébloui le monde. » Ses manières sont « fort agréables, mais un peu trop à la languissante, comme celles des autres beautés françaises d’à présent. » Suivent de minutieuses et souvent curieuses descriptions de la messe du Roi aux Tuileries, des leçons du Jardin des Plantes, d’une séance du Corps Législatif, dont le pasteur anglais se demande si, avec le « parfait désordre » qu’il y a constaté, il doit l’estimer « dégoûtante, » ou simplement « ridicule. » Mais le principal désir de Stanley, pendant son séjour à Paris, est de voir les maréchaux de Napoléon ; et c’est encore à son hôtelier qu’il doit d’être enfin admis à les voir, aux Tuileries, un jour de revue.


Le 13 juillet, Stanley se remet en route, pour visiter, de Fontainebleau jusqu’à Châlons, les villes et les villages où s’est déroulée la récente campagne. A Fontainebleau, un des employés du Palais lui raconte que c’est lui qui, le 31 mars, vers neuf heures du matin, a aidé Napoléon à sortir de sa voiture. « L’Empereur paraissait triste, bien triste. Sans parler à personne il est monté dans son cabinet, le plus vite qu’il a pu, et puis a appelé pour demander ses plans et ses cartes. » Sur quoi notre voyageur anglais se rend, lui-même, dans ce cabinet, se fait montrer le fauteuil favori de Napoléon, et, entre autres choses, s’amuse à examiner les livres de sa bibliothèque, « en assez petit nombre, presque tous consacrés à l’histoire, et tous expressément choisis par Buonaparte lui-même. Parmi ces livres se trouve, cependant, une traduction française des pièces de Shakspeare ; et