Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même complaisance les plaisanteries ou les déclamations qui sonnaient le glas des catastrophes prochaines. Ayant naguère applaudi aux adorables hardiesses de Figaro, il a pu faire le compte de ce qu’il lui en a coûté. Il n’ignore pas que les mouvemens partent d’en haut, et que les utopies où s’est amusé le dilettantisme des raffinés descendent sûrement dans des cerveaux plus rudes pour s’y changer en convictions fanatiques et en actes sauvages. Mais l’attrait d’une sensation rare est le plus fort. Quos vult perdere Jupiter dementat : c’est un vent de folie qui pousse ces mondains vers le théâtre où l’on a imaginé de faire de l’appel à la révolution sociale un divertissement. Il fallait noter cette forme détestable du snobisme.

La mise en scène du Grand Soir n’a rien de fort original, et l’interprétation en est quelconque. Il faut toutefois tirer hors de pair Mme Vera Sergine, très dramatique et qui a fait preuve de dons remarquables.


RENE DOUMIC.