La Comédie-Française a repris les Trois Sultanes et Arlequin poli par l’amour. Ç’a été un enchantement. Il serait si facile de nous offrir plus souvent un pareil régal ! Il n’y aurait qu’à puiser dans le répertoire si peu connu, si peu exploité et pourtant si riche, du théâtre de second ordre au XVIIIe siècle.
Les Trois Sultanes surtout nous ont ravis. Encore une pièce tirée d’un roman ! Car c’est un exemple qu’il faut ajouter à une liste déjà bien fournie. La bluette de Favart démontre élégamment qu’on peut faire une bonne pièce avec un mauvais roman et en le suivant de tout près. Marmontel a donné dans ses « contes moraux » un Soliman II. Tout y est. Seulement, l’explique qui pourra, le conte moral de Marmontel est plus ennuyeux que l’ennui : tout s’allège, s’anime, s’égaie, transposé par l’art ingénieux de Favart.
Ce qui charma d’abord les gens du XVIIIe siècle dans les Trois Sultanes, ce fut le décor. L’Orient était à la mode, et non pas seulement l’Orient tragique de Bajazet ou de Zaïre, mais bien plutôt l’Orient comique, celui de la cérémonie du Bourgeois gentilhomme, celui des turqueries chères au Théâtre de la foire et à la Comédie italienne[1]. L’intérieur du sérail, le sultan et le chef des eunuques, les
- ↑ Cf. P. Martino, l’Orient dans la littérature française.