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des Hoggars et des Azdjers avec une partie de l’Adrar orientale et de l’Ouest saharien, de l’autre à l’Afrique occidentale française et pays de Taoudéni, l’Azaouad, l’Aïr et Bilma.

La première relevant du ministère de l’Intérieur, la seconde du ministère des Colonies, il était d’autant plus utile de spécifier leurs sphères d’action respectives, que les Touaregs ne savaient, le plus souvent, où s’adresser, à In Salah ou à Tombouctou, pour formuler une plainte, solliciter un appui, tenter un rapprochement.

Cette ligne de démarcation, qui n’a rien d’une frontière, est devenue, sur le passage de nos détachemens, un véritable rendez-vous. Timiaouine, où deux fois déjà Algériens et Soudanais ont opéré leur jonction, recevra désormais de fréquentes visites, si, comme nous avons lieu de le penser, un service de correspondance s’établit entre le Tidikelt et la vallée du Niger. Un premier courrier vient de quitter In Salah à destination de Gao et, suivant toute probabilité, d’autres départs s’effectuent à intervalles réguliers. En rétablissant ces relations, la France n’a fait que reprendre à son profit une tradition séculaire dont seule l’insécurité avait empêché le maintien. Il n’en serait pas moins téméraire de compter sur les profits très problématiques du commerce par caravanes. L’abolition de l’esclavage lui a porté un coup d’autant plus rude que la voie ferrée du Sénégal au Niger lui fait une concurrence dont la gravité ne pourra que s’accroître.

Tout en tenant compte de ces difficultés, nous devons considérer que le trait d’union tiré par nos méharistes entre In Salah et la région de Tombouctou marque une des étapes décisives de la pénétration française au Sahara.

Par la voie ouverte, le contact s’établit entre troupes d’origines diverses, mais servant sous le même drapeau, en même temps qu’un lien nouveau, relie, sur le sol même, les parties disjointes de l’Afrique française.


BARON HULOT